Il voulait continuer. Et s’arrêter aussi. Continuer devenait difficile. Il s’était perdu en route. Il ne savait plus pourquoi. Se battait-il pour un but, pour une idée, pour protéger son ego ?
Il aspirait au repos. Mais le repos, c’était un engourdissement, une pause qui se prolonge avant l’affaiblissement, l’arrêt, la mort. Le repos, c’était la première étape de la décadence.
Il fallait donc continuer. Peu importe qu’il n’ait plus envie. Qu’il ne sache plus où aller. Il lui fallait avancer. Pas à pas. Jour après jour.
Il savait, au fond de lui, que sa situation s’améliorerait. Il suffisait d’y croire, et de continuer assez longtemps. Attendre. Croire. Patienter. Travailler. Souffrir un peu, mais s’il était honnête, pas tant que ça. Il y avait des personnes qui souffraient beaucoup plus que lui.
Alors il avait décidé d’arrêter de se plaindre et de continuer. C’était difficile au début, autant que de continuer : il avait pris l’habitude de se plaindre bien longtemps auparavant. Et puis il réussit, peu à peu. Il devint plus silencieux, plus enjoué, plus calme. Il marchait.
Il était maintenant un homme mûr. Il avait vu passer des monts, des forêts. Des orages, des canicules. Il s’était abrité, et toujours il était ressorti et avait avancé.
Il avait croisé du monde. Des randonneurs parallèles. Des touristes en tongs. Des riches qui prenaient des raccourcis et marchaient avec aisance sur la crête. Au fil des ans, il avait repéré les compagnons, et les compagnons l’avaient repéré. Ils n’étaient ni une famille, ni une communauté, simplement un réseau.
Chez François Bournhonesque 